Faut-il pendre les banquiers ?
SI comme moi vous faites la tournée des blogs et des sites d’information, il ne vous a certainement pas échappé que l’information de la semaine est celle du « SwissLeak ». C’est d’ailleurs devenu plus important que la presque non-victoire du FN dans le Doubs, à tel point que je me demande si je ne vais pas devenir #JeSuisHSBC, c’est vous dire.
Comme je le disais hier, ça c’est un bon gros os à ronger pour nos média dont le degré de culture économique est proche de la température anale, média pour qui le socialisme et l’étatisme est l’alpha et l’oméga de la pensée économique et libérale. Parce que dans une tête de journaliste formé au mieux dans la « prestigieuse » Ecole Supérieure du Journalisme ou plus fréquemment dans une obscure faculté de lettres modernes ou de sciences sociales, une banque est forcément le repaire de mecs gros et gras, en costumes noirs avec haut de forme et cigare, et les entreprises un moyen fascinant de trouver des ressources financières si chères à un état gargantuesque. Sorti de là, tout n’est que babil sans importance voire un importun négationnisme de la société française. Si en plus ce brave journaliste peur jeter l’opprobre sur toute une ribambelle de « célébrités » en dénonçant courageusement le comportement anti-français de ces traitres qui camouflent leur argent pour diminuer leur pression fiscale, il y a fort à parier que ledit journaliste n’est plus très loin de la petite érection matinale satisfaisante (et non, je n’illustrerai pas cette phrase).
Quoi de plus gratifiant que de jeter en pâture au bon peuple de France un humoriste (qui ne m’a jamais fait ne serait-ce qu’esquisser un semblant de sourire) qui a lâchement dissimulé au bas mot 80.000 euros dans les années 90, période où il était connu d’à peu près 2 ou 3 salles de spectacles de moins de 300 places, province inclue ? Qu’il est excitant de pouvoir vomir sur des sportifs dont chacun sait qu’ils ont tous émigrés, qui en Suisse, qui à Monaco, pour fuir une taxation qualifiée de spoliatrice dans leur pays respectifs. Et le pire dans tout ça, c’est que la quasi-totalité de population se félicite de cette mise au pilori, majorité de la population qui ne paye pas d’impôts sur le revenu, mais qui est mise à contribution dans la plus grande discrétion et la plus grande opacité via la TVA et les charges sociales, pauvres fous, pauvres hères !
Et que dire de ces sociétés de fourbes qui exploitent le bon peuple (quand elles veulent bien les employer), en faisant des milliards de bénéfices pour les actionnaires copains comme cochon avec les banquiers susnommés, et qui volent encore ce même bon peuple en ne payant pas son écot républicain, en dissimulant une bonne part de ses bénéfices dans des paradis fiscaux ! Les bras m’en tombent ! Et imaginez que ces banques qui conseillent ces hérétiques de la fiscalité se font payer des honoraires, qui génèrent des bénéfices, qui sont taxés par les gouvernements, oh mon Dieu, ma tête tourne, je ne sais plus où j’en suis !
Alors, fraude fiscale, évasion fiscale ou optimisation fiscale ? La première est illégale, et il y a fort à parier qu’aucune banque ou conseil financier ayant pignon sur rue ne s’y risque pas. La dernière, l’optimisation est entièrement légale et il ne viendrait à l’esprit de personne de payer plus que ce que les lois vous autorisent, aussi tout le monde, particuliers comme entreprises pratiquent l’optimisation fiscale pour ne payer que le « juste montant » d’impôts. Pour la seconde, l’évasion fiscale c’est un poil plus compliqué.
Vous n’êtes pas sans savoir que l’état français ponctionne plus de 56% de ce que chacun produit, en moyenne. Certains ne sont ponctionnés qu’à hauteur de 15-20% de leurs produits, d’autres à plus de 75%, et même dans certains cas, à plus 110% (source). Et oui, en ajoutant l’ISF et autre babioles fiscales, un ménage riche peut payer plus que ce qu’il a produit en une année, c’est la magie de l’imagination fiscale débordante de nos énarques et autres haut fonctionnaires que le monde entier nous envie mais ne copie pas. Il est bien évident que la majorité des ménages imposés à moins de 20% de leurs produits sont heureux de savoir que certains payent entre 75 et 110%. Curieusement, ces derniers ont un autre point de vue, allez savoir pourquoi. Certains pensent qu’il est immoral de se soustraire, même de façon minime, à l’impôt, d’autre pensent qu’il est immoral de s’approprier la quasi intégralité du fruit de son travail. D’un point de vue strictement philosophique, les 2 points de vue se défendent et ont leurs arguments et contre-arguments. Et toujours d’un point de vue strictement moral, aucun des arguments de l’une ou de l’autre des parties ne peut se balayer d’un revers de mains dédaigneux, aucun des points de vue ne peut ou ne doit s’imposer à l’autre, à moins d’avoir quelques tentations totalitaires, ce qui est une position indéfendable.
C’est donc la raison pour laquelle certains pratiquent l’évasion fiscale. Celle-ci n’est ni illégale, ni morale, mais elle est une nécessité pour ceux qui en sont victimes, car oui on peut parler ici de victimes, n’en déplaise aux thuriféraires du socialisme pour tout le monde sauf eux.